22 mars, journée mondiale de l’eau
Parmi les nombreuses, et tardives, prises de conscience environnementales, la pénurie d’eau apparaît à beaucoup, soit comme une fatalité, soit soit comme un combat à mener contre quelques boucs émissaires qui gaspillent l’eau et auxquels il faudrait tordre le bras (suivez mon regard).
La réalité, c’est que nous consommons tous beaucoup d’eau. Par français le pays consommerait en moyenne 159 litres d’eau par jour, dont 120 litres pour nos usages personnels : alimentation, hygiène, loisirs, soit un total de presque 50 mètres cubes (508 000 litres) par habitant et par an. La taille moyenne d’une piscine étant de 33 m3, nous consommons quasiment le contenu de deux piscines par an pour ceux qui aiment visualiser des images.
Les entreprises et organisations quant à elles consomment 20% de l’eau en France, certains secteurs étant plus consommateurs comme l’industrie, l’agriculture et le secteur énergétique.
Le “scope 3” de l’eau
Mais le vrai décompte est plus large car nous importons beaucoup de produits qui ont nécessité beaucoup d’eau dans leur production (pensons aux fruits et légumes des pays du Sud). Donc d’une certaine manière nous importons aussi ou impactons beaucoup d’eaux de pays qui vont se retrouver eux-mêmes en pénurie. La pénurie d’eau hors de France va donc aussi finir par nous revenir comme un boomerang.
Les estimations de l’empreinte eau globale, mondiale, de la France sont de 233 milliards de mètres cubes d’eau par an, dont 91 % liés aux importations. Très largement au dessus des chiffres énoncés pour la consommation d’eau dans le périmètre France.
La fin de l’abondance?
Nous vivons dans une société d’abondance de l’eau. Mais nous vivons aussi les premiers signes du changement : les communes qui refusent les permis de construire parce qu’elles n’ont plus assez d’eau à fournir, les agriculteurs qui manquent d’eau pour les cultures, les restrictions d’eau dans certaines départements, les sources d’eau minérales qui sont de plus en plus contraintes par les communes de respecter les nappes phréatiques.
Comment agir en tant qu’entreprise ou collectivité?
Nous avons de nombreux leviers au niveau des entreprises :
- Les eaux grises (les consommations quotidiennes) peuvent être recyclées et remises en service pour de nombreux usages, cela permet de réduire considérablement l’empreinte. Voir l’initiative de la municipalité de Bergerac.
- Chaque bâtiment recueille énormément d’eau au niveau de sa toiture. Ou va cette eau? Elle pourrait être envoyée vers les nappes phréatiques via des collecteurs d’eau.
- Réduire l’artificialisation des sols. Et en particulier, créer des fossés, ou des tranchées qui retiendront l’eau et lui laisseront le temps de diffuser dans le sol, les associer avec des arbres.
- Réduire les gaspillages et réduire les débits avec des réducteurs de débit. Surveiller les fuites avec des compteurs
- Evaluer le cycle de vie de l’eau des produits manufacturés en amont et en aval. Aujourd’hui, les analyses de cycle de vie ne calculent que le bilan carbone.
- Economiser l’eau sur le site de l’ADEME.