L’objectif de ce sondage réalisé par Green Lean Consulting avec des moyens limités et sur la base du volontariat est d’identifier des indicateurs de l’écoanxiété, mais aussi de mesurer quelles structures de la société sont reconnues comme des lieux de résilience pour penser l’avenir plus sereinement.
Nous avons volontairement choisi de ne pas poser la question sur le caractère anthropique du dérèglement climatique et des dégâts environnementaux, pour nous consacrer à la question de l’anxiété et des leviers.
Un sondage transgénérationnel
Qui sont les répondants du sondage? On retrouve en majorité les générations X, Y et Z. Il sera intéressant de regarder si la génération Y qui aura entre 54 et 70 ans en 2050, et la génération Z qui aura entre 40 et 53 ans en 2050 sont plus anxieuses que les autres.
Quel est le sentiment d’anxiété parmi les répondants du sondage?
La question posée était la suivante : Eprouvez vous un sentiment d’anxiété à cause de l’environnement ou du climat ? Près d’un tiers des participants éprouvent souvent ou toujours de l’anxiété.
Si l’on pose la question différemment en termes de préoccupation, plutôt que d’anxiété, la fréquence devient plus importante, ce qui confirme que l’anxiété en tant que telle est spécifique à une partie des personnes préoccupées par l’environnement ou le climat. 76% des répondants se disent souvent ou toujours préoccupés, alors qu’il ne s’agit que de 33,8% qui se disent souvent ou toujours anxieux.
Le taux de personnes qui se disent souvent préoccupées ou anxieuses est toutefois particulièrement élevé. Si l’on compare entre les générations X, Y et Z, on a les proportions suivantes pour ce qui est de la question sur l’anxiété :
Quelles sont les causes d’anxiété parmi les participants du sondage?
Les participants avaient le choix libre de cocher les causes d’anxiété suivantes, les % de réponses sont indiqués à la suite :
- Le dérèglement climatique en général : 49.7%
- Les phénomènes météo extrêmes (canicules, tempêtes, inondations, etc) : 55.5%
- Le côté irréversible des changements climatiques : 45.8%
- Total de personnes ayant coché au moins une des trois réponses ci dessus : 85%
- La disparition de la biodiversité : 64.5%
- La disparition de la vie dans les océans : 45.8%
- Le monde sera-t-il vivable dans 50 ans ? 43.9%
- La pollution des eaux : 41.3%
- La pollution de l’air : 41.3%
- La fonte des glaces et la montée des eaux : 39.4%
- L’alimentation et ses impacts sur la santé : 35.5%
- Les contaminations chimiques des sols (pesticides, PFAS, métaux, etc) : 34.8%
- L’effondrement de la civilisation : 29%
- Si la planète devient moins habitable, y aura-t-il une place pour moi ? 14.2% [25% pour les générations Y et Z]
- Autre (à préciser dans les commentaires) : 9%
Parmi les options proposées, la moitié des répondants sont préoccupés par le dérèglement climatique en général (49,7%) et une même proportion les phénomènes météorologiques extrêmes (55,5%), mais seule une faible proportion des répondants a coché les deux cases à la fois (20%) reflétant le fait que les deux ne sont pas forcément étroitement associés dans l’esprit des répondants. 15% des répondants n’ont cité ni le dérèglement climatique, ni la météo extrême, ni le côté irréversible du dérèglement. Ce qui fait que le climat/les événements météorologiques extrêmes restent la préoccupation majeure (85%)
Le second sujet le plus préoccupant semble être la disparition de la biodiversité (64,5%), il est vrai que cela fait beaucoup plus longtemps que l’on alerte sur les espèces menacées.
Arrivent ensuite des sujets moins « visibles » : la pollution des eaux (41,3%), les contaminations chimiques (34,8%), la disparition de la vie dans les océans (45,8%), la fonte des glaces et la montée des eaux (39,4%), la pollution de l’air (41,3%), l’alimentation et ses impacts sur la santé (35%), la dimension irréversible des changements (45,8%). Ce sont tout de même des % élevés pour des questions qui ne sont pas constatables directement au quotidien.
Concernant l’alimentation, le relativement faible % est une surprise, on pourrait penser que la santé est une préoccupation majeure. Cela explique peut-être le relativement faible engagement pour le BIO dans notre pays.
L’effondrement de la civilisation est un sujet peu médiatisé mais qui ressort à 29%, un des plus faibles scores, mais qui reste toutefois préoccupant. Le plu faible score (hormis autre) est pour la question de la répartition de l’habitabilité du monde même si les nombreuses dystopies dans le monde de la culture ont fortement mis en avant ce risque d’injustice. Y aura-t-il une place pour moi (14%). A noter que chez les milléniaux et la génération Z, cette dernière préoccupation monte à 25%.
Quelles sont les préoccupations qui dépassent la question environnementale en termes d’anxiété?
La question posée était : Avez-vous des préoccupations sur l’avenir plus importantes que l’environnement ?
Les réponses possibles étaient les suivantes suivies des % de réponses :
- La disparition de la démocratie : 49.7%
- L’évolution de la société : 47.7%
- Les conflits armés : 43.9%
- La disparition des valeurs : 29%
- L’insécurité : 20.7%
- Les migrations de populations : 20%
- Le pouvoir d’achat : 14.8%
- L’emploi : 7.1%
- Autre : 9%
- Aucune autre, c’est l’environnement qui me préoccupe le plus : 7.1% [25% chez ceux qui ont répondu être toujours anxieux à propos de l’environnement]
Les conflits armés ont la particularité d’être une des seules réponses à souvent être cochée seule.
Le sentiment d’impuissance
La question posée était : Eprouvez vous un sentiment d’impuissance ? Toujours, souvent, parfois, rarement, jamais.
62% en cumulant toujours et souvent, c’est beaucoup. Les questions suivantes vont tenter de comprendre pourquoi ce sentiment d’impuissance est si présent en questionnant sur différentes voies possibles pour le résoudre.
L’engagement dans le militantisme ou le fait d’apporter un soutien financier permettent-ils de résoudre le sentiment d’impuissance?
45% des répondants se disent engagés. Parmi les 69 engagés qui ont répondu, les réponses toujours (7,2 contre 11%) et souvent (40,6 contre 51%) au sentiment d’impuissance sont plus basses. C’est la réponse « parfois » qui monte chez les engagés. Il semble donc que l’engagement soit un moyen de réduire le sentiment d’impuissance.
Le fait d’apporter un soutien financier à des associations semble moins susceptible de soulager le sentiment d’impuissance (15,9% en particulier répondent “toujours” contre 11% pour la population générale). Cette participation “indirecte” ne semble pas résoudre le sentiment d’impuissance.
La question de l’inaction politique
Les politiques sont souvent accusés d’inaction. C’est également le cas parmi les répondants mais à quel niveau sont ils plus ou moins reconnus pour leur action ou leur inaction?
La question posée était : L’inaction politique. Si vous êtes préoccupé par l’inaction politique, qu’est ce qui vous préoccupe le plus ? Plusieurs réponses étaient possibles parmi lesquelles :
- L’inaction des politiques au niveau local : 12.3%
- L’inaction des politiques au niveau national : 54.8%
- L’inaction des politiques au niveau européen : 36.1%
- L’inaction des politiques au niveau mondial : 61.9%
- L’enfumage dans les discours politiques : 51.6%
- Le fait que le climat ou l’environnement passe toujours après l’économie : 60%
- L’impression que l’action environnementale est incompatible avec la croissance : 21.9%
- Je ne suis pas préoccupé par l’inaction politique : 3.2%
- Je ne pense pas que les politiques soient inactifs : 9.7%
- Les politiques sont actifs, mais pas assez : 11%
- Les politiques sont actifs, au juste niveau : 0%
- Les politiques sont actifs, mais leurs actions ne sont pas assez visibles : 5.8%
Le sentiment d’inaction politique fait consensus au niveau national (54,8%), presque autant qu’au niveau mondial (61,9%) malgré les nombreux effets d’annonce politiques. L’inaction est moins notée au niveau local (12,3%) et au niveau européen (36%). Pour le niveau local on peut penser à une plus grande visibilité des actions. Pour le niveau européen, il semble que les politiques européennes en faveur de l’environnement aient tout de même marqué les esprits.
Le fait que l’action environnementale soit jugée incompatible avec la croissance est souvent évoqué par les politiques (plutôt à droite) dans les médias, mais n’est partagé qu’à 21% dans notre population. Par contre 60% pensent que l’environnement passe toujours après l’économie.
Quelles organisations dans la société pourraient être des lieux de résilience?
Puisqu’il y a un fort sentiment d’impuissance et un tout aussi fort sentiment d’inaction des politiques, dans quelles organisations de la société pouvons nous mettre nos espoirs?
La question posée était : Selon vous les organisations suivantes peuvent elles être un lieu de résilience? On pouvait répondre oui, ou non et préciser sa réponse en choisissant différentes options.
- Oui, les collectivités territoriales font beaucoup pour l’économie circulaire : 21.3%
- Oui, les collectivités pourraient l’être mais ne le font pas, ou pas assez : 30.3%
- Ce qui fait environ 50% de confiance (relative) aux collectivités.
- Oui le monde de la culture s’engage pour l’environnement : 12.9%
- Oui, c’est l’entreprise qui peut préparer le monde de demain avec le développement durable : 21.3%
- Oui, c’est l’entreprise qui peut préparer le monde de demain avec l’économie régénérative qui va plus loin que le développement durable : 25.2%
- Non, l’entreprise est trop préoccupée de profit immédiat : 37.4%
- Aucune organisation ne s’empare vraiment du sujet : 12.3%
- Les associations sont très actives et me donnent de l’espoir : 29%
- Les associations sont très actives mais leur message est plutôt désespérant : 23.2%
- Ce qui fait environ 50% de confiance (relative) aux associations.
- D’autres types d’organisation existent : 12.3%
- Tout reste à inventer : 16.8%
- Autre : 8.4%
21% des sondés reconnaissent que les collectivités territoriales ont pris en main l’économie circulaire. 30% pensent qu’elles pourraient prendre en main les actions mais ne le font pas assez.
Le monde de la culture n’est pas perçu comme engagé malgré le rôle des tiers lieux.
21% pensent que l’entreprise peut jouer un rôle avec le développement durable, c’est aussi très peu. Et de fait 37% pensent que l’entreprise est trop préoccupée de profit (dont ceux qui croient au développement durable). La notion d’économie régénérative semble percer puisque 25% pensent qu’elle peut apporter plus que le développement durable.
Les associations sont reconnues comme très actives, donnant de l’espoir (29%) ou passant des messages désespérant (23%). Les deux réponses sont distinctes, on a donc à peu près 52% des sondés qui font confiance aux associations.
Tout reste à inventer : 16 des réponses % !!! Nous n’avons pas eu de suggestion dans les commentaires mais nous pouvons imaginer de nombreuses initiatives citoyennes comme les conventions citoyennes (au niveau politique), les entreprises avec actionnaires sans but lucratif (comme team for the planet), les comités de quartier, différentes formes de coopération agricole, etc.
Connaissons nous des entreprises qui s’engagent vraiment dans le développement durable?
Nous avons été surpris de voir que les sondés déclaraient connaitre des entreprises engagées, … mais pas beaucoup.
Une volonté forte d’engagement
Nous finissons par la meilleure nouvelle de ce sondage, la plupart des participants sont prêts à s’engager pour l’environnement dans leur activité professionnelle!!! 85,2 % prêts à s’engager dans leur métier actuel, c’est un très beau score, car il y avait pas mal d’options pour exprimer des réserves.
Conclusion
Cette enquête est partielle, je ne pouvais mobiliser que des proches, des anciens élèves de mon école d’ingénieurs, des shifters, des adhérents d’associations, des contacts Linked-In ou d’autres réseaux sociaux, des dirigeants de PME du Rhone. Je ne suis pas particulièrement connecté avec des populations réfractaires à la notion de transition écologique (peu de commentaires ou réponses allaient d’ailleurs dans ce sens), et ce ne sont peut-être pas les plus enclins à répondre à ce type de sondage.
Mais la question était plutôt de mesurer parmi les gens qui expriment de la préoccupation et qui s’engagent, quels sont les leviers pour répondre à la préoccupation environnementale. Cela peut se faire en comparant les générations, en comparant les niveaux d’engagement, nous pouvons voir que le sentiment de préoccupation est général, le sentiment d’impuissance aussi, même parmi ceux qui sont engagés dans une association ou en soutiennent financièrement.
Par contre, la volonté de s’engager dans son activité professionnelle est vraiment très forte, ce qui est très encourageant sachant que le monde de demain aura besoin d’achats durables, de consommation responsable, d’ingénieurs formés à l’économie circulaire, d’enseignants capables de transmettre les fondamentaux, bref que ce sera de plus en plus l’engagement de chacun.
Il y a l’émergence d’une perception que les entreprises peuvent évoluer vers un modèle plus durable et même vers l’économie régénérative qui consister à créer de la valeur en prenant soin de la planète.
Pour en savoir plus, pour s’engager davantage
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